Histoires

racontée par M. B. PERROT que l’on remercie pour son investissement et son travail.


Les origines du nom


Le nom de Mur, viendrait du latin murus, indiquant la présence d’un mur l’enceinte, d’une fortification, ici dans le sens d’enceintes entourées de fossés, remblais. Dans le cartulaire de l’abbaye du Lieu Notre-Dame-les- Romorantin, nous trouvons: Rogerius le Bugle…….perciebat in parochia de muro, ou viam ducentem de bueria versus murum.

Nous trouverons par la suite Meurnotamment dans une correspondance de Catherine de Médicis accompagnant son fils le roi Charles IX, séjournant le temps d’un dîner  dans notre village, le 15 décembre 1565. Même orthographe sur la carte de Cassini du 18ème siècle.

Puis Mûr, suite à la loi portant réduction des Justices de Paix du 8 pluviôse An 9, et son arrêté d’application pour le département de Loir et Cher du 5 vendémiaire An X.

Enfin Mur de Sologne, suite à la délibération du conseil municipal du 3 janvier 1893, Journal Officiel du 11 novembre 1893.
Cependant, dans les actes notariés rédigés en vieux  français, il est toujours écrit paroisse de Mur.

 


Au Moyen Âge


Les LE BUGLE, sires de Bastarde sur la paroisse de Pruniers, dès le XIIIème siècle jusqu’à la fin du XVème siècle, étaient des vassaux importants de la châtellenie de Romorantin. Ils possédaient dans notre paroisse de nombreux domaines dont les lieux seigneuriaux: de Salboeuf, la Court et de privilèges: la grosse et petite dîmes. Cette famille fit de nombreux dons aux religieuses du Lieu Notre Dame lès Romorantin , en 1255 Salboeuf, puis en 1464 La Court.

Les DES ROCHES, seigneurs de la Morinière, suite au mariage en 1424 de Gauvain Des Roches, avec Perrette Lemoine, fille de Louis, lui-même seigneur de la Morinière. René Des Roches époux de Renée Chaudrier (tante de Pierre de Ronsard) fit construire l’actuel château de la Morinière vers 1548.Cette lignée Des Roches, puis DES ROCHES-HERPIN, restera propriétaire du lieu jusqu’en 1676.

La réalisation de l’histoire de Mur présente des difficultés dans la mesure où 4 pièces maîtresse furent détruites le 8 septembre 1793: l’une sur les terrages et champarts depuis le 11 août 1263, la 2ème cents et rentes, la 3ème livre de la Morinière et ses censiers, la 4ème terrage de la Berthinière.


L’Eglise


L’église saint Pierre, comprend une nef romane construite vers la fin du XIème siècle, une tour de défense au XIIIème siècle, surmontée par la suite d’un clocher, d’un chœur renaissance terminé par une abside à 3 pans, et deux chapelles latérales, le tout datant du XVIème siècle. Monument inscrit  à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 6 janvier 1926. Dans le vitrail de la chapelle sud, dit des seigneurs de la Morinière, figure le blason des Des Roches « d’argent, à la bande fuselée de gueules, chargée d’un lion d’or couronné, armé et lampassé de gueules ».

Un imposant retable du milieu du XVIIème sépare le choeur de l’abside.

La galerie-porche, située devant l’entrée principale fut abattue en 1883.

La flèche du clocher détruite par un incendie provoqué par la foudre le 27 avril 1915, ne fut pas reconstruite. Ce clocher possédait 4 cloches jusqu’au 10 décembre 1793. La plus grosse pesant environ 1600 livres restera en place, les 3 autres, pesant environ 1500, 900 et 160 livres furent réquisitionnées pour faire des canons. Aujourd’hui, 3 cloches sont présentes.

Une chapelle indépendante dite de Saint Loup fut détruite vers 1777.


Les Châteaux


Au nombre de 5, tous privés:  La Morinière, Boisgenceau, Fondjouan, La Cailleterie, La Noue.

 

La Morinière

Le plus ancien est celui de la Morinière, de style Renaissance, construit vers 1548 par René DES ROCHES, s’inspirant du château de Chambord.

Après les  DES ROCHES-HERPIN, se succédèrent la famille BENOÎT jusqu’en 1811, puis la famille MARTINET et ses descendants jusqu’en 2016. Sur ce domaine existe également un magnifique pigeonnier et la tuilerie.
Les autres furent édifiés vers la seconde moitié du XIXème siècle.

 


Fondjouan, une maison de maître existait, demeure de la famille BERTHEAULME dit de Fondjouan, pour la différencier de BERTHEAULME dit de Marville. Le comte Léon DE RODAYS fit construire l’actuel château terminé en 1853, puis vendu en 1855 à Alexis FONTAINE

 

 

La Cailleterie par la famille Gaudron.

 

 

 

 

La Noue par la famille Taillarda.


La Chapellenie


C’est par les termes de chapellenie et de chapelain que les Murois désignaient le presbytère et leur curé.
L’emprise foncière du presbytère était importante. La commune en devint propriétaire à la Révolution.
Lorsque la première République fut proclamée en septembre 1792, la municipalité n’ayant pas de local pour se réunir, se réserva une pièce dite «chambre commune» dans le presbytère. Lors de l’élection du maire le 2 décembre 1792, peu de gens sachant écrire, Jean-Baptiste BERGERAT, curé, sera désigné secrétaire de séance et élu comme notable.
Intriguant pendant la Révolution, Jean-Baptiste Bergerat fut emprisonné un an  à Romorantin à compter du 18 octobre 1793. En 1804, suite au Concordat il fut nommé desservant de Vimory (45)  où il décéda en 1820. Remplacé à Mur par Jacques Amand TESTARD, originaire de Romorantin.

Démolition du presbytère en 1854. Reconstruction d’un nouveau presbytère terminé en 1856, réaménagé en école enfantine en 1913, puis en cabinet médical vers 1985. Le cimetière autour de l’église fut remplacé par le cimetière actuel en 1858. La première personne à y être inhumée fut Sylvine GUENON, le 16 avril 1858. Le porche fut abattu en 1883 pour faciliter la création d’une voie d’accès à la gare.

La première construction, le long du Mail des Platanes, dans l’emprise du terrain du presbytère fut réalisée en 1907 par  Léandre HUBERT-SELLIER sabotier. A coté, la maison PINSON fut acquise par la commune, pour y installer un bureau de Poste moderne en 1922.


Le Bourg


Très peu étendu, réduit à une portion congrue entre le chemin de Chémery et l’église, constitué de maisons basses à pans de bois, torchis et couverture en tuile du pays. Une seule maison possédait un étage, à l’angle de la rue conduisant à Romorantin.

Le village se développa après la construction d’un nouveau tracé de la route reliant Blois à Romorantin, dite route départementale n° 7 de Blois  Bourges, ouverte en 1823, aujourd’hui D 765.

Grâce à son nœud routier important réalisé entre 1820 et 1870, sous Louis XVIII à Napoléon III, puis l’ouverture en 1883 de la ligne de chemin de fer reliant Villefranche-sur-Cher à Blois, le bourg connaîtra un essor économique important et se développera rapidement autour des ces axes, passant de 855 habitants en 1861 à 1408 habitants en 1910.

Du fait de cette dynamique économique, toutes les maisons basses du bourg situées le long de  la D n°7, frappées d’alignement, furent progressivement abattues, laissant place à d’importantes bâtisses reflétant la hiérarchie sociale de leurs propriétaires.

Les premières bâtisses reconstruites furent l’hôtel du Lion d’Or en 1833, le relais de poste-auberge en 1839 par Alexandre MARTINET, l’hôtel de la Gerbe d’Or par Jean-Pierre PAUNIN-RENAULT en 1848, plus connu sous l’appellation de La Croix Blanche, le café du Boulevard, l’hôtel de la gare, le café de la gare, le café-restaurant du Champ de Foire, le café de la Mairie, le presbytère 1856, la mairie-école 1868… etc


La Mairie


Entre 1789 et  1792, les réunions des autorités se rassemblaient en l’étude du notaire Maître Pierre Thomas GAIGNAISON, notaire royal. Il rédigea le cahier de doléances des habitants.

Puis  «la maison commune» fut installée dans le presbytère jusqu’au Concordat de 1804. Quid des lieux de réunions entre 1804 et 1844.  A compter de 1844, un local fut loué, puis achat d’une maison en 1852 pour y installer après aménagement une mairie-école, avec logement pour l’instituteur.

En 1868 fut achevée de construire la mairie actuelle, accolée de part et d’autre de salles d’école, l’une pour les garçons et l’autre pour  les filles.

En 1929, érection du monument aux morts de 14-18, dans le square de la mairie. Translaté en 2014, dans un emplacement de l’autre coté de la rue, face à la mairie.


Les Ecoles


Sous l’Ancien Régime, suite à un don en 1782 de cent livres au curé, par Mademoiselle Elisabeth BENOIST, riche bourgeoise demeurant Rue des Saints Pères à Paris, également propriétaire du Château de la Morinière, «pour apprendre à lire et écrire aux pauvres enfants de la paroisse». Cette instruction dispensée dans le presbytère cessa en 1792.

En juin 1838, les prémices d’une école communale s’établirent.  Titulaire d’un certificat de capacité et disposant d’une pièce libre dans le presbytère, le desservant Pierre DESMONTS  fut autorisé par l’inspecteur d’académie à enseigner, rémunéré par la commune et l’Etat soit 270 francs annuels. Il cessa en juin 1841, nommé desservant de Couture-sur-Loir le 10 novembre 1841.

En 1844, à partir de cette date, l’école continua et évolua sans discontinuer. La municipalité loua un local et engagea François ROGER, âgé de 25 ans, originaire de Fortan. Peu rémunéré, 300 francs annuels, il resta 2 ans. Il avait épousé le 6 mai 1845 une jeune muroise, Rosalie ROBIN

En 1852, acquisition d’un bâtiment où sera installé après aménagement la mairie-école.

En 1867, mise en place de cours pour adultes et confie à Aurélie CHANTEMARGUE les cours d’aiguilles.

En 1868, rentrée scolaire dans des locaux neufs de la nouvelle mairie-école. Un seul enseignant pour une classe mixte d’environ 30 élèves.

En 1869, construction d’une école privée religieuse pour petites filles, financée par les notables des châteaux de Fondjouan et de la Cailleterie, tenue par 2 religieuses, venues de Saint Claude (Jura).Face à cette concurrence, la municipalité réclame la nomination d’un couple d’instituteur. Ouverture d’une classe communale pour filles en 1870 et fin de la classe mixte.

En  1894, aménagement d’une deuxième classe pour les garçons et nomination d’un instituteur-adjoint. Il faut savoir que 74 garçons fréquentèrent l’école en 1890 regroupés  dans l’unique classe réservée aux garçons et un seul instituteur. Idem en 1891, ils furent 77.

En 1906, fermeture de l’école privée, suite aux lois interdisant les écoles congréganistes, plus de 80 filles étaient inscrites à l’école laïque pour une seule institutrice, toutes regroupées dans l’unique salle pour filles. Cette école privée rouvrira quelques années plus tard, sous le nom d’école privée Jeanne d’Arc, et fêtera par une grande cérémonie en novembre 1919 son cinquantenaire d’existence.

En 1908, inauguration le dimanche 27 septembre de la nouvelle école de filles. Grande manifestation de liesse en présence de nombreuses personnalités politiques et de l’Education Nationale 250 convives au repas servi dans l’école toute neuve. Nomination d’une institutrice-adjointe.

En 1957, lundi 17 février pose de la première pierre de la nouvelle classe enfantine par M. MERY, sous-préfet. Ce projet comprend, une classe, salle de jeux-préau, une cantine, un logement et un local vestiaire, lavabos et WC. Au sous-sol, chaufferie et douches municipales pour la population.

Le 1er juillet 2002, début des travaux d’une classe destinée aux élèves les plus jeunes de la maternelle, réceptionnée le 2 juillet 2003, inaugurée le 25 juillet 2003

Le 27 juin 2008, inauguration d’une 7 ème classe.


Quelques personnalités locales


Deux enfants du château de la Morinière, furent Commandeur de la  Commanderie de Saint Jean de Jérusalem de Villefranche-sur-Cher :

  • Jehan des Roches, commandeur de 1522 à 1546
  • Pierre des Roches, commandeur de 1546 à 1557
    Dans la chapelle Saint Laurent, figure sur le devant de l’autel, une croix de Malte et dans le vitrail, leur blason: d’azur à la bande de gueules, au lion rampant d’argent, armé, lampassé et couronné de gueules.


Alexandre Martinet,
1808-1899, élu au conseil municipal de 1834 à 1899, maire de 1852 à 1899, conseiller général du canton de Selles-sur-Cher de 1832 à 1839, conseiller général du canton de Romorantin de 1851 à 1883, 1er Vice-Président du Conseil-Général, Président de la Commission  Départementale, 4 fois candidats non élu aux élections législatives, en 1846, 1871, 1874, 1876, chevalier de la Légion d’Honneur, propriétaire du château de la Morinière.


Fernand de RODAYS,
1845-1912, né au château de Fondjouan, journaliste, écrivain, administrateur du journal Le Figaro en 1879. Il publia en 1872, sous le pseudonyme de Louis de Coulanges : “Les préfets de la république”.
Première personne née à Mur nommée chevalier de la légion d’honneur. 
http://data.bnf.fr/16771831/fernand_de_rodays/


Emile FEUGERES DES FORTS,
 Paris 1825-1889, époux de Stéphanie Fontaine, sculpteur-statuaire, plusieurs fois médaillés au Salon 1864-1865-1866-1867 et à l’Exposition Universelle 1867. Quelques unes de ses œuvres: Abel mort  (musée d’Orsay), le Chevrier (parc du musée de Lille), Madeleine (musée d’Orléans), etc…, succéda à Alexis Fontaine, son beau-père comme président de la Fabrique de 1869-1889, fit don de nombreuses statues à l’église de Mur, dont le Grand Christ en Croix dans la nef.

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr
http://www.perche-gouet.net/histoire/photos.php?personne=487
https://wikimonde.com/article/Vincent_Feug%C3%A8re_des_Forts

 

Paul BESNARD, Orléans 1849-1929, propriétaire du château de la Morinière, magistrat,  écrivain, conteur, chansonnier, poète de la Sologne, peintre, sculpteur, escrimeur, navigateur passionné de yachting sur la Loire. Fut maire de Mur.  Il exposa sans interruption de 1882 à 1892 des aquarelles au Salon des Artistes Français à Paris.  Présida la Société Nautique du Loiret, l’Ecole de la Loire, fonda Les Amis du Terroir avec lesquels il se produisait dans diverses salles parisiennes. En 1907, Nell’ Dollar aux Quat-z-Arts de Montmartre interprète les chansons solognotes de Paul Besnard.
http://catalogue.bm-orleans.fr/
https://e-monumen.net/…/monument-a-paul-besnard-romorantin

 

Jean Gaudefroy-Demombynes, 1898-1984, né au château de la Noue, universitaire, germanophobe, traduisit en français avec A. CALMETTES, Mein Kampf (Mon combat) publié en 1934 aux Nouvelles éditions latines. Son grand-père Léonce Taillarda était notaire à Romorantin et conseiller municipal de Mur.
http://data.bnf.fr/12012864/jean_gaudefroy-demombynes


SOURCES:
Délibérations municipales.
Registres des baptêmes, mariages, décès de1804 à 1904.
Archives départementales de Loir et Cher, rue Louis Bodin, Blois.
Archives diocésaines, évêché à Blois. 2 rue Porte Clos Haut, Blois
Fonds ancien bibliothèque abbé Grégoire, 4 place Jean Jaurès, Blois
Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) Centre, 6 rue de la Manufacture, Orléans
Archives de la Ville de Paris, 18 bld Sérurier, Paris 19 ème
Archives du Musée d’Orsay, 62 rue de Lille, Paris 7 ème